Le projet de travailler sur les récits intimes d'adolescent·es est né d'un double évènement : une résidence de quartier sur l'invitation de la Comédie de Béthune - CDN, et un don spontané de journaux intimes.
A Béthune, Benoit et Kathleen avaient vécu 3 semaines dans un appartement d'une unité de logements sociaux dans le cadre d'un projet "Europe Créative" consistant à rencontrer ses voisin·es. La base de cette démarche était de concevoir un projet directement écrit avec les habitant·es. Il fallait donc les rencontrer. Et aussi se faire accepter. Lors de ce projet, Kathleen et Benoit ont beaucoup écrit sur ce que provoquait sur elleux le fait de devoir se réécrire, de mettre en avant certaines partie de soi et d'en gommer d'autres. Et cette réécriture de soi, pour être un·e bon voisin·e, les a placé·es devant les règles qui prévalaient au collège, à l'adolescence.
Au même moment, une spectactrice qui était venue voir Vies de papier venait de relire ses journaux intimes de l'époque pour y retrouver la seule photo qu'elle avait de son grand père, dont elle ne connaissait pas le nom. Elle nous a proposé de nous les confier pour que nous les lisions.
De cette double rencontre avec cette période à travers les écrits d'aujourd'hui et d'hier, la certitude d'avoir trouvé un enjeu de recherche documentaire, tant dans le fond (l'adolescence) que dans la forme (les journaux intimes) nous a donné envie de travailler sur ce sujet essentiel autant pour les adultes : la construction de soi au travers des récits intimes adolescents.
S'en est suivie une longue période de collecte, passionnante, tant par les témoignages et les prêts de jounaux intimes, que par des résidences artistiques auprès d'adultes et d'adolescents. Cette collecte est à l'origine du spectacle Devenir, issu de ce travail de recherches tant documentaire que scénique.
La première de Devenir a eu lieu le 8 novembre dernier au Théâtre de Laval, empreinte de chaque étape qui a façonné au fil du temps ce que nous avons voulu dire et montrer. Et il est bon de revenir sur tout le chemin parcouru pour rendre compte du mouvement qu’a été toute cette création.