Au Musée de la Faïence de Sarreguemines (57), Julie Kieffer et son équipe veillent avec soin sur une collection unique de12 000 pièces. Des assiettes à histoire – dites «historiées», des carnets de décors des chefs d'atelier, des estampes japonaises du maître Hokuzaï, des vases, des panneaux ainsi qu'une somme foisonnante d'archives papier, documentent l'illustre tradition faïencière de cette ville de Moselle de 22 000 habitants.
«Ces objets sont les témoins d'une mémoire, de gestes techniques, d'un passé industriel qui a largement contribué à la renommée de Sarreguemines depuis plus de 200 ans, explique Julie Kieffer, la directrice du lieu. Aujourd'hui, seuls quelques décors, certains noms de rue ou encore un drôle de vestige en forme de ruche (un ancien four de la manufacture) rappellent au grand public qu'autrefois et jusque dans les années 2000, une ville dans la ville s'organisait autour de cette production de céramique, dont le fameux service Obernai, de renommée internationale.»
Alors, quand elle décide de valoriser ce fonds unique, Julie Kieffer contacte La Bande Passante. «Leur travail — Cité de papier — autour des archives industrielles de Saint-Avold (57) m'avait marquée. Tommy Lazslo est venu en repérage dans nos collections et réserves patrimoniales. Certaines pièces demeurent en réserve pour des raison de conservation, et restent inaccessibles au public. Tommy en a immédiatement saisi leur richesse. La Compagnie s'est alors pleinement investie dans le projet».
Carte Blanche
«Nous avons à cœur de dépoussiérer l'image de la céramique et montrer d'elle ses facettes modernes et contemporaines, poursuit Julie Kieffer. Nous avons travaillé avec La Bande Passante de façon étroite pour faciliter l'accès aux documents et répondre à leurs questions. La confiance était absolue. Une carte blanche. Nous savions que le fonds historique allait être respecté . Ils nous tenaient informés régulièrement de leurs étapes de travail. Nous n’étions pas inquiets quant à la véracité historique, d'autant qu'ils ont associé au projet une historienne* de La Manufacture du patrimoine. Cette confiance en leur regard artistique et plastique est essentielle pour mener ce type de projet».
Une année de travail méticuleux plus tard, Julie Kieffer et l'ensemble du musée découvrent quelques jours avant le vernissage, le 17 septembre dernier, un résultat «parfait, dépassant largement nos espérances». La directrice a beau connaître impeccablement ses collections, la manière dont le Dîner les réinterprète lui a permis de les regarder sous un autre angle. «Pour le grand public, qui lui, ne connaît pas forcément ces pièces, l'effet est décuplé».
Collégien, collectionneur pointu ou simple touriste, «si après avoir assisté au Dîner, on rentre chez soi, en regardant l'assiette accrochée au mur ou bien rangée dans les placards, de façon différente, alors c'est gagné!»
* Voir l'interview de Rebecca Joly