L’Ordre des Choses : création 2026

Théâtre d’objets documentaire
Direction artistique: Thomas Gourdy
Création novembre 2024

En Juillet 2017, Thomas est assis à une terrasse d’un café à Montmartre. Un peu plus loin il y a de l’agitation, il se lève et assiste à un contrôle policier qui ne le laisse pas indifférent. Il s’en mêle avant d’être lui-même contrôlé, puis poursuivi pour avoir pris en photo les policiers. Il y a des situations comme des rencontres : on ne s’en détache pas facilement.

Lors de ses deux audiences par le Tribunal Judiciaire, puis le Tribunal d’Instance, et grâce à l’enregistrement du fond de sa poche, il retranscrit une langue judiciaire qui lui étrangère et une autre, la sienne, qu’il ne reconnais pas. La retranscription de ces voix fait ressurgir des fantômes. Ceux de ses aïeux paternels, père, grand-père, arrières-grand-père, tous policiers. Des fantômes qui font écho à toutes ces silhouettes de policiers que Thomas filme ou photographie constamment lorsqu’il leur fait face dans la rue. Le dispositif justice lui fait questionner cette habitude de peupler son esprit de fantômes policiers.

Depuis ces procès, Thomas commence alors à rassembler des archives qui concernent son père. Il cherche un album photo dans une cave qu’il ne retrouve pas. Il demande à sa mère si elle a des photos de son père. Elle n’en a qu’une, qu’elle résume ainsi :«Ton père contre le mur prend une photo». La photo montre son père masqué par un appareil photo alors que lui-même photographie sa mère.

Invoquer les objets pour convoquer les absent·es

L’Ordre des Choses sera une tentative ridiculement sérieuse, parfaitement incomplète, une tentative artistique de créer l’espace idéal pour « juger » deux clans qui s’affrontent. Sans la présence et le réel de l’ici et maintenant, comment faire quand il n’y a ni témoin ni preuve ? Comment mettre en lumière de façon équilibrée les absents et leurs histoires : la carrière policière du père de Thomas, des souvenirs d’enfance, des récits de foules, des futurs imaginés…

En invoquant au plateau, comme le tribunal convoque à la barre : les personnages, les croisements d’époques, les histoires, les souvenirs plus ou moins nets, les futurs imaginés, Thomas mettra le réel en jeu par l’incarnation et la manipulations de documents et d’objets.

Le juge théâtral que se propose Thomas fera comme le juge qu’il a rencontré, il prendra en compte les éléments humains et matériels – les pièces – et leur confèrera un statut à la hauteur de ce qu’ils peuvent éclairer. Ce que le juge du réel ne fait pas, c’est de prêter à ces morceaux du réel une existence autonome et contradictoire. Une vie en perpétuel aller-retour entre ses couches intimes et publiques. Convoquer en scène des individus et des documents, ce n’est pas tant pour qu’ils parlent d’eux-mêmes que pour les faire s’exprimer là où un temps administratif ne peut pas s’attarder. La scène prendra comme trame ce procès passé, avec les moyens du théâtre : les photos, les vidéos, les procès verbaux seront plus que de simples archives, elles seront les portes d’accès à des réalités de vies pleines et complexes. Prendre le pari de leur donner le temps et la place pour faire leurs mues en public.

Un musicien en écho des polyrythmies de pensées et des dissonances de récits

Au plateau il n’y aura qu’un acteur, mais il y aura plusieurs personnages. Chacun aura une ligne dramatique, une langue et un rythme qui lui sont propres. Le texte du spectacle est écrit comme un récitatif. Il ne sera pas chanté mais les paroles des différents protagonistes du procès seront des lignes musicales, des notes tenues par l’acteur et le musicien. Le musicien utilisera des éléments percussifs comme le piano et d’autres instruments moins identifiables, il s’appuiera sur des objets du réel évoqués par le texte pour créer une ligne mélodique. Un fil tendu entre toutes ces paroles, entre ces notes discordantes, qui parfois peuvent se rejoindre pour faire entendre une orchestration symphonique. Une mécanique judiciaire en ordre, qui accorde les dissonances. Un «ordre des choses».

THOMAS GOURDY, PORTEUR DU PROJET

Thomas Gourdy est comédien, metteur en scène, auteur et dramaturge. Il a été formé à l’ENSATT. Il travaille très régulièrement avec plusieurs artistes et compagnies qui inventent d’autres modes d’écriture et de diffusion des spectacles, comme la compagnie Ersatz (Tomber du monde, Théâtre de Liège 2022), le collectif Lynceus (Roméo et Juliette, Festival in situ à Binic en Bretagne 2023), la Compagnie Plateau K (Le Réflexe de Moro, théâtre d’Angers 2020) la compagnie flamande Ontroerend Goed (spectacle interactif TM, Chicago Shakespeare Theater 2020).

Il a mené une longue collaboration avec les équipes du Carreau, Scène Nationale de Forbach, avec lesquelles il a mené de nombreux projets d’action culturelle et mis en scène plusieurs spectacles: Night by Night en 2014, Tricksters en 2015, Tandem en 2017, La guerre des pauvres en 2020. Il est aussi conseiller technique et aide à l’écriture auprès d’André Téchiné pour son film Dans le viseur dont la sortie est prévue en 2024, pour qui il contribue à épaissir la vision politique d’un personnage manifestant qui entretient une amitié de voisinage avec une femme Officier de Police Judiciaire.

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Sa collaboration avec La Bande Passante débute lorsqu’il dirige certaines collectes et ateliers d’écriture durant le confinement en 2020 pour Devenir. Il s’engage dans cette création et en devient le dramaturge et le coauteur. En 2021, il est au CDN de Caen avec la performeuse brésilienne Janaina Leite pour un laboratoire autour d’un projet documentaire personnel: mettre en parallèle son engagement militant dans la rue et l’engagement de sa famille dans les forces de l’ordre, et la façon dont ces adversaires se confrontent dans la rue, dans les tribunaux, comme dans la famille. Les premières étapes de travail font état d’une proposition à la fois documentaire et authentique, aux enjeux individuels et collectifs, aux possibilités larges de manipulations et théâtralité. Le souhait de faire naître ce spectacle au sein de La Bande Passante s’est alors imposé comme une envie et une évidence partagées.

DISTRIBUTION

Direction artistique: Thomas Gourdy

Écriture: Thomas Gourdy

Avec: Thomas Gourdy et Alexandre Du Closel

Création musicale en direct: Alexandre du Closel

Regard extérieur: Julie Bertin

Création plastique et scénographie: Benoit Faivre, Tommy Laszlo, Camille Baroux

PRODUCTION

Des recherches de coproduction sont en cours.

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La Bande Passante
3 rue Georges Bernanos 57050 Metz
Diffusion / Production
Responsable de la Communication et de la Diffusion – Iseult Clauzier

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